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http://www.liberation.fr
11 janvier 2015

Un magnifico slancio
di Laurent Joffrin

La speranza con il dolore, hanno marciato alla testa del corteo. Devastati, piangendo, stanchi del tumulto, sopraffatti da una solidarietà grande come il mare, la squadra di Charlie entra a Parigi, seguita da più di un milione e mezzo di persone, vale a dire, dalla Repubblica. Camminavano tra gli applausi ferventi della gente raccolta sui marciapiedi, e dai balconi, dove abbiamo visto su quasi tutte le finestre, uno striscione: "Je suis Charlie", una copertina del settimanale o anche alcuni dei Libe. Con loro, le famiglie delle vittime ebree del supermercato, i parenti dei poliziotti uccisi e un gruppo di giornalisti, per una volta popolari, seguiti da una quarantina di capi di stato. Il più grande evento dopo la Liberazione! Qualcosa di inaudito successo Domenica per le strade di Francia. Contro la violenza, contro l'oscurantismo, contro la divisione delle comunità, il paese di Voltaire e Cabu si è sollevato in un enorme slancio civico. La Repubblica è stata colpita al cuore. Due giorni più tardi, la Repubblica è in piedi.

Gli scontenti dicono che i valori si perdono, non c'è più la trasmissione, la società dei media e del mercato ha decerebrato i cittadini anemici dal senso civico, ridotto la democrazia. Ma dove hanno preso la loro motivazione questi marciatori dell’11 gennaio, se non dai ricordi della scuola repubblicana, nelle lezioni di cronaca, nelle lezioni di storia? Chi ha insegnato loro tutto questo, se non proprio questi insegnanti scoraggiati, questi educatori che dicevano così pochi, questi eletti così denigrati, quei giornalisti che criticano sempre il "benpensante" senza capire che denigrano, allo stesso tempo, i valori comuni di tolleranza e libertà. Cittadini anestetizzati hanno creduto. Sono venuti con un magnifico slancio come mai per più di cinquanta anni.

Non era solo la compassione per le vittime in gioco. Colpendo la redazione di Charlie Hebdo, uccidendo quattro ebrei francesi, sparando alla polizia, gli assassini hanno attentato le fondamenta della Repubblica, il termine libertà, la tutela delle minoranze e l'accettazione delle differenze, l'ordine di pace gestito da una polizia repubblicana. Tutti hanno sentito, dentro di sé, che tutto ciò che li proteggeva, tutto ciò che garantiva una vita adulta responsabile, ciò in cui credevano era stato attaccato da fanatici. Marciare per dire di no. Marcciare per essere liberi.

Coloro che non credono più in nulla diranno che questa giornata fraterna, svanirà tutto come un sogno? E' vero il contrario. Le fratture sono non solo nella realtà della società. Esse sono anche nello spirito. La battaglia è nello spirito. Beh, questa mobilitazione sarà ricordata come una pietra miliare, un amaro, semaforo democratico! Come farlo crescere? E' semplice: combattere questa peste identitaria ogni giorno, qui e ora, domani e oltre, con la forza, la pazienza. Ogni individuo ha diritto alla sua terra, alla sua religione, la sua tradizione, le sue radici. Nessuno ha il diritto di imporle agli altri. Il principio che ci unisce di più, i francesi lo hanno detto con forza, è l'accettazione delle differenze. Gli eccentrici del dogma, del nazionalismo esaltato, gli oppositori della ragione sono i facinorosi. Credono di difendere la loro identità, ma sfigurano la Repubblica. Dalla loro sconfitta rinasce la speranza.


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11 janvier 2015

Un élan magnifique
Par Laurent Joffrin

L’espoir, avec le chagrin, marchait en tête du cortège. Dévastée, en pleurs, fatiguée du tumulte, mais chavirée par une solidarité grande comme la mer, l’équipe de Charlie a marché dans Paris, suivie par plus d’un million et demi de personnes, c’est-à-dire par la République. Elle a cheminé sous les applaudissements d’une population fervente massée sur les trottoirs et les balcons, où l’on voyait, presque à chaque fenêtre, un calicot «Je suis Charlie», une couverture de l’hebdo et même des unes de Libé. Avec elle, les familles des victimes juives du supermarché, les proches des policiers tués et une troupe de journalistes, pour une fois populaires, suivis par quarante chefs d’Etat. La plus grande manifestation depuis la Libération ! Quelque chose d’inouï s’est passé dimanche dans les rues de France. Contre la violence, contre l’obscurantisme, contre la division des communautés, le pays de Voltaire et de Cabu s’est soulevé dans un immense élan civique. La République a été frappée au cœur. Deux jours plus tard, la République est debout.

Les fâcheux disent que les valeurs se perdent, qu’il n’y a plus de transmission, que la société de médias et de marché a décérébré les citoyens, anémié le sens civique, abaissé la démocratie. Mais où ces marcheurs du 11 janvier ont-ils puisé leur motivation, sinon dans les souvenirs de l’école républicaine, dans les leçons de l’actualité, dans les enseignements de l’Histoire ? Qui donc leur a appris tout cela, sinon ces profs qu’on dit découragés, ces éducateurs qu’on dit si peu nombreux, ces élus si décriés, ces journalistes dont on fustige toujours la «bien-pensance» sans comprendre qu’on dénigre dans le même temps les valeurs communes de tolérance et de liberté. On croit les citoyens anesthésiés. Ils viennent de se dresser dans un élan magnifique, comme jamais depuis plus de cinquante ans.

C’est que la compassion pour les victimes n’était pas seule en jeu. En frappant l’équipe de Charlie, en tuant quatre Français juifs, en abattant des policiers, les assassins ont porté atteinte aux fondations de la République, l’expression libre, la protection des minorités et l’acceptation des différences, l’ordre pacifique maintenu par une police républicaine. Chacun a ressenti, au plus profond de lui-même, que tout ce qui le protège, tout ce qui lui assure une vie adulte et responsable, tout ce à quoi il croit a été attaqué par les fanatiques. Marcher pour dire non. Marcher pour être libre.

Le pur diamant de cette journée fraternelle va-t-il s’évanouir comme dans un rêve ? Ceux qui ne croient plus à rien le diront. C’est le contraire qui est vrai. Les fractures ne sont pas seulement dans la réalité, dans la société. Elles sont dans les esprits. La bataille se joue dans les têtes. Eh bien cette mobilisation restera dans les mémoires comme une borne, un amer, un sémaphore démocratique ! Comment la faire fructifier ? C’est tout simple : combattre, tous les jours, ici et maintenant, demain et plus tard, avec force, avec patience, la peste identitaire. Chacun a droit à sa patrie, à sa religion, à sa tradition, à ses racines. Personne n’a le droit de les imposer aux autres. Le principe qui nous réunit le plus, les Français l’ont dit avec force, c’est l’acceptation des différences. Les cinglés du dogme, les exaltés du nationalisme, les adversaires de la Raison sont les fauteurs de trouble. Ils croient défendre leur identité, ils défigurent la République. De leur défaite renaîtra l’espoir.

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